Un film réalisé par une femme, inspiré d’un roman écrit par une femme, sur l’histoire d’une femme. En 2016, Catherine Poulain publie le livre Le grand marin, roman autobiographique qui raconte les années durant lesquelles elle pêchait sur des palangriers en Alaska, seule femme dans un monde d’hommes. Le film de Dinara Drukarova, Grand marin, présenté ce vendredi à la Strada, est inspiré de cet ouvrage. Pour autant, il n’en est pas une adaptation parfaite. « Il faut accepter de se dire que le film est une autre création, c’est absolument autre chose », explique l’auteure.

Catherine Poulain (à gauche) et Dinara Drukarova (au centre) ont échangé avec le public à l’issue de la projection du film Grand Marin. Photo Angèle INGRAND

Dans l’œuvre comme dans le film, on suit l’histoire de Lili, petite femme au mental d’acier qui veut pêcher en haute mer. « Je ne suis pas un moineau », assène Lili à Ian, le capitaine du chalutier. La femme s’affirme, se bat pour trouver sa place dans un monde largement masculin. Elle se bat également jusqu’à sa fiche de paie, quand elle se voit proposer à la fin de la saison un salaire deux fois moins important que celui des autres marins. A force de courage et de persévérance, elle réussit finalement à obtenir l’égal de ses collègues. A travers son long-métrage, Dinara Drukarova montre « des femmes fortes et inspirantes. Chaque femme qui apparaît dans le film y a toute sa place. »

« J’ai voulu parler d’un monde où hommes et femmes sont complémentaires »

« J’espère que l’on voit dans le film que la question du genre est abolie », insiste la réalisatrice. Une volonté d’effacer les genres que partage l’auteure, elle qui a vécu dans ce milieu hostile. « Les pêcheurs en Alaska m’ont permis d’entrer dans un monde où les femmes n’entrent pas d’ordinaire », explique Catherine Poulain lors du débat post-projection. « Je n’ai jamais été prisonnière de mon genre. Je n’avais plus rien à prouver parce que je travaillais comme eux, j’allais au bout comme eux », poursuit-elle. Pour l’auteure, hommes et femmes ne sont pas à opposer : « j’ai voulu parler d’un monde où hommes et femmes sont complémentaires ».

98% des marins sont des hommes

Ces distinctions entre les genres, Catherine Poulain, Lili et Dinara Drukarova les ont vécues. L’écriture, la réalisation cinématographique et la pêche sont des secteurs tous trois majoritairement masculins. Les films réalisés par des femmes représentent seulement 30% des films sortis en 2022, d’après le CNC. Idem pour le secteur de la pêche, où les femmes ne constituaient que 2% de la main-d’œuvre mondiale en mer en 2017. Pourtant, les trois femmes ont vu leurs projets se réaliser, peut-être grâce à leur détermination.

Le grand marin de Catherine Poulain poursuit sa route ; après le film Grand marin, une pièce de théâtre adaptée du roman est prévue.

Clément GUILLONNEAU et Angèle INGRAND

Laisser un commentaire

Tendances

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer